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« LES MAMANS DE L’INDEPENDANCE » : L’artiste Joe Senghor rend hommage aux héroïnes du Sénégal et les « Badiene Gokh »

La société des artistes et artisans Bakh (SARABAKH), sous la houlette de l’artiste et acteur culturel Joe Senghor, a organisé durant la Biennale de Dakar une exposition -Photo sous le thème : « Les mamans de l’indépendance » qui met en exergue les femmes héroïnes qui ont participé à la lutte pour l’indépendance du Sénégal mais aussi celles qui ont marqué l’histoire politique du pays. A cet hommage, l’artiste a associé les femmes leaders et les « Badiene Gokh » (Marraines de quartier).

L’artiste Joe Senghor est revenu sur quelques figures féminines qui ont marqué l’histoire du Sénégal.

Joe Senghor a tenu à souligner : « Je cite quelques personnages qui ont marqué notre histoire : Dieumbet Mbodji :  c’est la première princesse du Walo en 1845, elle a pu combattre les maures du Trarza ; Ndatté Yalla : elle a été très dure avec les maures, elle les a battus. Elle a fait face à Faidherbe avant de subir une défaite qui la contraint à fuir ; Aline Sitoe Diatta : Elle est de la Casamance dans le Sud, elle a demandé à toute sa communauté de ne plus payer des impôts aux français et les gens ont suivi son mot d’ordre et elle a été déportée ; Henriette Bathily :  c’était une femme combattante, elle a lutté pour les droits à la femme au Sénégal ; Adja Arame Diene : Elle a accompagné le Président Senghor dans tous ses combats politiques et en tant qu’analphabète elle est devenue député socialiste ; Adja Thioumbé Samb : c’est la première femme à être emprisonnée à cause de la politique, elle fait partie des femmes qui ont demandé l’indépendance lors de la venue du Général De Gaulle en 1958 à Dakar ; Caroline Faye : la première femme députée, première femme ministre sous le règne de Senghor et Annette Mbaye D’erneville :  Première femme journaliste et fondatrice du musée de la femme Henriette Bathily ».

Selon l’artiste, il participeà la Biennale de Dakar 2022 de manière très inclusive. Et il ouvre ses expos avec les mamans de l’indépendance, ces braves femmes qui ont eu à accompagner durant l’indépendance les pères de l’indépendance.

D’après l’artiste, la particularité de cette année, c’est le fait d’avoir invité les « Badienes Gokh » (marraines de quartier) et les femmes leaders pour leur rôle dans le développement communautaire.

Et l’artiste de rajouter : « Le thème : les Mamans de l’indépendance, c’est par devoir de mémoires parce que c’est des femmes qui se sont battues sans arme pour se tenir devant le Général De Gaulle pour dire que nous voulons l’indépendance tout de suite, c’étaient des femmes à la place Prothée.  Avec ces femmes-là, on a pu obtenir notre indépendance. Elles ont accompagné les présidents Lamine Gueye, Léopold Sédar Senghor, Mamadou Dia. Il y avait des femmes derrière qui préparaient à manger, qui faisaient les tee-shirts, qui tenaient les sifflets. Ces femmes-là, par devoir de mémoires, on doit les présenter aux femmes actuelles. C’est pour cela que j’ai pris ce thème-là. Et nous avons les photos ».

Quant à Mme Adja Khadidiatou Gueye (Badiene Gokh), elle avance : « C’est un grand évènement et je remercie l’artistique qui a pris cette initiative pour rendre hommage les femmes mères de l’indépendance du Sénégal. Les mamans de l’indépendance, c’est un thème qui renvoie au rôle joué par les femmes pour obtenir l’indépendance du Sénégal. A travers cette exposition, c’est la femme sénégalaise, la femme africaine qui est honorée. Je remercie l’artiste qui connait le rôle des femmes dans les luttes pour l’indépendance de nos nations ».

Elle poursuit : « Chaque femme constitue une idole pour nous. Et leur rôle doit être cité en exemple pour inciter les jeunes à croire à leur pays et surtout œuvrer pour le développement du pays. Ce sont des femmes de valeur dont le Sénégal ne va jamais oublier ».

ENCADRE : Zoom sur les « Badiene Gokh »

Les « Badiene Gokh » (Marraines de quartier) ont été mises en place sur l’initiative de l’ancien chef de l’Etat sénégalais (Me Abdoulaye Wade), face à l’ampleur des violences basées sur le Genre et des conflits sociaux au sein des ménages et familles. Leur implantation a été un clin d’œil aux bonnes pratiques traditionnelles.

 La « Badiene » ou marraine, frère du Papa, était respectée par ses conseils et son appui et était crainte par son pouvoir au sein de la famille. Elle jouait le rôle de régulatrice familiale et sociale. Aujourd’hui, face au modernisme et à l’éclatement de la cellule familiale traditionnelle, ce statut a disparu.

Les « Badiene Gokh » servent de pont entre les protagonistes au sein de la famille et du quartier et représentent une oreille attentive aux jeunes filles victimes de violences basées sur le Genre et femmes mariées dans les situations de désespoir.

Elles aident les familles à dénoncer les viols et incestes et à pousser les familles à briser le silence en saisissant la justice.

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