Force est de constater que le Sénégal est un pays de dialogue. Tout au moins, il est un pays de discussions plus officieuses qu’officielles entre les politiques.
S’il est magnifique de constater que les politiques peuvent discuter, la majeure partie du temps, par des canaux à la fois occultes et insoupçonnés, il est tout autant risible qu’une partie importante de la population soit prise au dépourvue de cette réalité.
D’ailleurs, si les populations encartées politiquement savaient que l’adage que seules les montagnes ne se rencontrent jamais était une réalité et qu’il avait plus de sens en politique, le clivage ne saurait être si énorme et l’inimitié aussi réelle, anormalement, entre sénégalais de camps politique opposés.
Il faut donc que le dialogue soit permanent, au Sénégal. D’autant que le système de désignation de nos autorités, de nos représentants ne confère et ne pourra jamais conférer une légitimité absolue.
En effet ; et il subsiste là l’une des vraies imperfections du meilleur système politique qui soit, la démocratie peut conférer au groupe arrivé premier, au premier tour, un pouvoir absolu alors que si on agrégeait toutes les voix n’ayant porté leur choix sur ce groupe, il est deux fois voire trois plus conséquent.
Exemple pratique :
Macky Sall candidat en 2012 a obtenu à peu près 25 pour cent des voix valablement exprimées au premier tour.
75 pour cent des sénégalais ayant exprimé leur devoir citoyen n’avaient donc initialement porté leurs choix sur sa personne.
Mieux, il n’est permis le vote que pour ceux-là s’étant inscrits sur les listes électorales. Au final, tous ne votent pas.
Or, le pouvoir conféré par les urnes à l’autorité suprême s’exerce sur toute la population et sur tout un territoire.
C’est cela aussi la démocratie, le système le meilleur !
Cela dit, il faut, par voie de conséquence, se féliciter et faciliter la tenue du dialogue qui ne doit être un moment de complaisance encore moins de dol politique.
Il faut jouer cartes sur table.
Il faut traiter rigoureusement les problématiques évoquées par le chef de l’Etat.
Soit dit en passant, ce dernier n’était pas tenu par une obligation d’organiser un dialogue politique.
Ce faisant, il est bien perpétré une tradition sénégalaise dernièrement récusée par certains à savoir discuter des grands enjeux politiques et électoraux avec toutes les parties prenantes.
Pour en venir au dialogue national d’à partir du 28 Mai portant sur le système politique sénégalais, il doit permettre d’aboutir à des vraies réformes.
Le statut de l’opposition doit être, au-delà de la consécration constitutionnelle, article 58 de la constitution, matérialisé et valorisé. Quant au chef de l’opposition, les règles de sa désignation doivent être définitivement établies. Il doit être, par ailleurs, consulté quand la situation l’exige.
En vérité, une opposition adulte et républicaine est autant importante qu’un pouvoir en place.
Il doit être dévolu cette acception unanimement admise que l’opposition ne doit que brocarder. Il faut migrer vers un système politique où l’opposition critique puis propose et du pouvoir la respecter comme il se doit. C’est cela la démocratie.
Quant à la rationalisation des partis politiques, il ne sera pas facile pareille opération puisque la constitution en son article 8 confère le libre exercice de certaines libertés dont celle d’association. Il ne faut oublier la très grande option démocratique prise par le Sénégal d’un multipartisme intégral.
Il s’y ajoute que la loi n° 81-17 du 6 mai 1981 relative aux partis politiques (publiée au JORS n° 4834 du 15 mai 1981, pp. 520 à 521), modifiée par la loi n° 89-36 du 12 octobre 1989 (publiée au JORS n° 5315 du 28 octobre 1989, pp. 418 à 419) confère aux partis politiques le statut juridique d’association.
Sur ce sujet, l’équation est comment concilier liberté d’association à rationalisation de partis politiques !? Le tout en évitant l’écueil de l’arbitraire !
Au demeurant, et loin des grandes circonvolutions du reste fort des sénégalais, le débat sur le bulletin unique doit être tranché.
Si le bulletin unique est gage de fiabilité et permet, in fine, une rationalisation des dépenses alors il faut le mettre en pratique.
N’oublions pas que nous faisons partie du cercle très peu glorieux des pays les plus pauvres au monde.
Ce faisant ; le Sénégal étant une grande démocratie et où des 1848 ses citoyens ont commencé à voter, nous montrerons être toujours performants pour faire évoluer notre système électoral.
En définitive, ces sujets méritent discussions profondes et éclairées. A terme, des décisions consensuelles doivent être prises dans le seul but du renforcement de la démocratie.
L’exigence est simple et reste ceci : pas de roueries, de part et d’autre.
Boubacar Mohamed SY
Juriste.
Écrivain
Analyste politique